Oú tracer la frontière entre la commémoration des malheureux pris par la violence de la guerre, tués par ordre d'empereurs, de rois et de hauts dirigeants militaires et le spectacle touristique évoquant cette même guerre?
Peut-on soulager la souffrance d'une mère ou d'un père en déclarant héros de la patrie leur fils assassiné, tombé dans la boue et piétiné? N'est-ce pas étonnant comme il est de dire après coup que l’on regrette que nos ancêtres se soient mal comportés comme colonisateurs ailleurs de chez nous? Hier comme aujourd’hui, l’occupation, tout comme l'expression du regret, n'est-ce pas le résultat de la même ruée vers des matières premières pour une industrie internationale fantasié de locale?
Nous venons de visité l'évocation de la guerre des tranchées de l'Yser au musée d'Ypres, en Flandre occidentale, partie d'un petit royaume depuis 1830 dénommé de Belgique. Notre Pépé très rarement nous parlait les quatre années interminables qu'il passa là, dans les tranchées, durant lesquelles on essayait de, comme était dit, regagner quelques mètres de terrain, pour ensuite, comme on disait, les perdre le lendemain.
Il parlait avec énormément de respect envers tous les jeunes gens qui, comme lui, de leur vingt ans furent obligés d'étayer et de réparer les couloirs boueux dans le froid, la pluie, entre poux, puces et rats, se défendant de grenades et balles. Il disait souvent avec un certain étonnement que la balle qui lui était destinée n'était jamais sortie de l'usine. Ce n’était pas le cas pour plus de la moitié de son bataillon. Pourtant, Pépé ne parlait pas de l'ennemi, mais des autres garçons qui se trouvaient dans ces autres tranchées.
En fin de compte, que signifie la notion d'ennemi pour le pêcheur, l'agriculteur, le petit indépendant, le jeune étudiant plein d'idées créatives, bref, pour la communauté locale, même quand ils sont fait soldat par ordre superieur?
Il y a t’il mauvais et bons soldats lorsqu'ils demandent un verre d'eau? Pourquoi la solidarité de classe ne transcendait pas celle du nationalisme? Sans soldats s’entretuant, une guerre, c’est difficile. Quelle habileté, celle de d’intégrer ce sentiment de nationalité dans l’éducation scolaire. Comme c’est facile aux dirigeants nationaux arrogants de remplacer l’école humaniste du savoir par l’école nationaliste du canon local.
Les lettres de notre Pépé nuancent la visite du musée d'Ypres, tandis que l’évocation de la guerre des tranchées y montrée nous permit de mieux comprendre pourquoi ce respectueux soldat devenu lieutenant a toujours soutenu le mouvement pacifiste et s’amusa tant à lire le satirique Canard Enchainé.
Peut-on soulager la souffrance d'une mère ou d'un père en déclarant héros de la patrie leur fils assassiné, tombé dans la boue et piétiné? N'est-ce pas étonnant comme il est de dire après coup que l’on regrette que nos ancêtres se soient mal comportés comme colonisateurs ailleurs de chez nous? Hier comme aujourd’hui, l’occupation, tout comme l'expression du regret, n'est-ce pas le résultat de la même ruée vers des matières premières pour une industrie internationale fantasié de locale?
Nous venons de visité l'évocation de la guerre des tranchées de l'Yser au musée d'Ypres, en Flandre occidentale, partie d'un petit royaume depuis 1830 dénommé de Belgique. Notre Pépé très rarement nous parlait les quatre années interminables qu'il passa là, dans les tranchées, durant lesquelles on essayait de, comme était dit, regagner quelques mètres de terrain, pour ensuite, comme on disait, les perdre le lendemain.
Il parlait avec énormément de respect envers tous les jeunes gens qui, comme lui, de leur vingt ans furent obligés d'étayer et de réparer les couloirs boueux dans le froid, la pluie, entre poux, puces et rats, se défendant de grenades et balles. Il disait souvent avec un certain étonnement que la balle qui lui était destinée n'était jamais sortie de l'usine. Ce n’était pas le cas pour plus de la moitié de son bataillon. Pourtant, Pépé ne parlait pas de l'ennemi, mais des autres garçons qui se trouvaient dans ces autres tranchées.
En fin de compte, que signifie la notion d'ennemi pour le pêcheur, l'agriculteur, le petit indépendant, le jeune étudiant plein d'idées créatives, bref, pour la communauté locale, même quand ils sont fait soldat par ordre superieur?
Il y a t’il mauvais et bons soldats lorsqu'ils demandent un verre d'eau? Pourquoi la solidarité de classe ne transcendait pas celle du nationalisme? Sans soldats s’entretuant, une guerre, c’est difficile. Quelle habileté, celle de d’intégrer ce sentiment de nationalité dans l’éducation scolaire. Comme c’est facile aux dirigeants nationaux arrogants de remplacer l’école humaniste du savoir par l’école nationaliste du canon local.
Les lettres de notre Pépé nuancent la visite du musée d'Ypres, tandis que l’évocation de la guerre des tranchées y montrée nous permit de mieux comprendre pourquoi ce respectueux soldat devenu lieutenant a toujours soutenu le mouvement pacifiste et s’amusa tant à lire le satirique Canard Enchainé.