Parfois, enfants et petits-enfants demandent comment c'était avant. Plonger dans l’histoire familiale fait remonter plus loin dans le temps. Du coup je pense à mon pépé à moi. Nous ne sommes plus très nombreux à pouvoir l’invoquer. Il y a nous, les petits-enfants. Et une de ses filles parle encore des souvenirs de son père. Mais une grande partie de sa vie n’est plus accessible que par des photos et des documents que lui-même conserva et que nous retrouvions. Deux guerres qui ont traversé la Belgique et la famille y occupent une place importante. Petit à petit je me fais une idée d'un jeune homme dont j'ai une photo d'enfance sur laquelle on le voit debout avec un fusil a jouer, à côté de sa sœur assise sur une chaise en osier. Quinze ans plus tard, le bohemien représenté sur une autre photo dut interrompre ses études devenant milicien sur les rives de l'Yser, lors d’une guerre que ni lui ni son Roi-Soldat qu’il admirait ne voulaient, mais que les grandes puissances de l’époque lancèrent. De plus, la Grande Prusse ayant un compte à régler avec la République Française emprunta de passage et sans le demander ce qu’était territoire belge. Donc, mon pépé passa plusieurs années au front - il eut huit galons de front - blessé qu’une fois. Il connut un sort meilleur que nombreux d’hommes de sa compagnie qui perdirent la vie dans la boue. Bien que les photos de soldat sont autres, il n'en parlait que très rarement ne donnant valeur que à sa médaille de l’Yser. De ses papiers resort quelqu’un de plutôt pacifiste souhaitant devenir au plus vite officier de réserve, après avoir été promu successivement jusqu’au grade de lieutenant par la logique de guerre. Et pourtant, il dut reprendre service vingt ans plus tard. Ce n'est qu'après la seconde guerre avoir passé par sa vie dans sa et notre région natale, qu'il fut jugé officiellement trop vieux pour des obligations militaires. Lui-même évoqua les courtes mobilisations successives avant cette seconde guerre comme « jouer au soldat », sans doute pour cause des images gravées dans sa tête de ce qu'il vécut dans sa jeunesse. Malgré tout, ses obligations d'officier de réserve mobilisé lui devaient sembler beaucoup moins lourdes. Deux jours avant l'invasion nazi, il assista même à un mariage avec ma mémé. Voyant le menu, je suis sur que cela lui aura plu. Mes souvenirs d’enfance me rappellent mon pépé comme un bon vivant appréciant vraiment un bon repas…
Quand même étrange quand on pense aux coïncidences de la vie. Mon Pépé a survécu aux tranchées meurtrières aidant ainsi à me donner existence comme à mes petits-enfants, à qui je raconte ce que ses photos et ses lettres nous disent.
Quand même étrange quand on pense aux coïncidences de la vie. Mon Pépé a survécu aux tranchées meurtrières aidant ainsi à me donner existence comme à mes petits-enfants, à qui je raconte ce que ses photos et ses lettres nous disent.